Comme toi, cher oiseau, ô mon chardonneret,
J’ai été retenu par la même chaînette,
Prisonnier de mon chant nuptial que rien n’arrête;
Comme toi je n’ai pu voler que dans mes rets.
Comme toi j’ai vu fuir ma plume en trompe-l’œil
Dans mon imaginaire et sous le même masque
Empourpré de chaleur mais en proie aux bourrasques;
Comme toi j’ai sifflé pour mieux taire mon deuil.
J’ai toujours adopté ta stoïque posture :
L’air serein, l’œil brillant, juché sur mon perchoir,
Un rayon jaune ailé pour barrer l’imposture,
Pour éclairer mon cœur et l’empêcher de choir.
Comme toi, tendre oiseau, malgré l’ombre accablante
Et mes fers et mon faix, je me dresse et je chante !
R.B.