Je t’aime, mais non pas comme on aime d’amour;
Je t’aime comme on joint les mains et qu’on adore,
Comme un illuminé se donne sans retour,
Comme un œil qui s’éteint et voit soudain l’aurore !
Je t’aime, mais non pas comme on aime aujourd’hui,
Non plus comme jadis lorsqu’on contait fleurette,
Mais comme on aimera quand le jour et la nuit
S’uniront pour former une planète en fête.
Je t’aime, toi aussi, et non plus comme avant,
Comme cet amoureux qui aime pour lui-même,
Mais comme un bienheureux qui aime plus avant
Jusqu’à se fondre en Dieu… ou en toi, son emblème,
Y demeurer cloîtré, insensément sonné
D’amour ! Qui se traduit en d’incessants sonnets !
R.B.