Bonsoir, chère Tristesse, il me fera plaisir
De ne plus te revoir, de ne plus te connaître,
De ne plus partager ton lit, et de renaître,
Mais tu es là, partout, à narguer mon désir.
Je te revois encore, au cœur de l’abandon,
Dans le regard figé qu’on extrait des décombres,
Dans ces humains de trait, remplacés par leurs ombres,
Et traînant derrière eux l’impossible pardon.
Tristesse, si tu veux toujours me côtoyer
Soit, mais de grâce épargne au moins ces misérables
Que l’affreux sort accable et se plaît à broyer;
Tiens-toi loin des petits et des plus vulnérables,
De tous ces affamés que l’on gave d’espoirs…
Ô cher Bonheur ! Quand donc vais-je enfin te revoir ?
R.B.