L’ivraie libano-canadienne

« Les Canadiens au Liban ne doivent pas compter sur des vols d’évacuation d’Ottawa (…) Si les tensions s’aggravent, la situation sur le terrain risque de ne pas nous permettre de vous aider et vous ne pourrez pas partir » (Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères).

Cette déclaration de la ministre des Affaires étrangères a fait réagir certains Libano-Canadiens et donné lieu à des envolées chauvines et lyriques sur les vertus et les mérites des Libanais naturalisés canadiens, qui ont brillamment réussi et qui contribuent grandement au développement de leur pays d’accueil. D’où leur droit à un départ assisté.

Il est vrai qu’on ne peut compter les médecins, ingénieurs, avocats, professeurs, commerçants, hommes et femmes d’affaires d’origine libanaise au Canada. Il y a de quoi en tirer fierté. Mais il convient, comme en toute chose, de relativiser, à défaut de quoi on verserait dans l’absolutisme et l’idéalisation qui nous éloigneraient de la vérité.

Pour emprunter l’image de la parabole évangélique, il y a le bon grain, et il y a l’ivraie, laquelle est nuisible non seulement au bon grain, mais aussi à la terre de culture. Il y a donc le bon grain libano-canadien, et l’ivraie libano-canadienne. Jésus recommande, dans sa parabole, d’arracher l’ivraie, qui est une plante nuisible, et de la jeter au feu. Le Canada a choisi de garder l’ivraie immigrante libanaise, malgré sa nature nuisible aux plantations, ainsi que l’ivraie des autres communautés immigrantes, car dans chacune il y a le bon grain et l’ivraie. Même dans les plantations canadiennes « de souche », il y a le bon grain et l’ivraie. C’est une règle infaillible et générale qui s’applique au genre humain et qui reflète la dualité « bien et mal » qui régit notre monde.

Si l’accent est mis, ici, sur l’ivraie libano-canadienne, c’est parce que certains louangeurs et louangeuses, influenceurs et influenceuses de la communauté immigrante libanaise au Canada ne voient que le bon grain et ignorent l’ivraie.

Le bon grain libano-canadien étant facile à identifier, penchons-nous sur l’ivraie et sur ses aspects parfois subreptices, sournois, occultes.

Cette ivraie se divise en deux souches : l’une à l’intérieur du Canada et l’autre à l’extérieur.

L’ivraie libano-canadienne interne revêt plusieurs formes, à savoir la plante parasite qui vit du bien-être social alors qu’elle est capable de travailler, donc aux frais du contribuable, outre une quantité non négligeable de ces herbes nuisibles qui profitent de l’aide sociale tout en travaillant au noir; des plantes à nuisance active, se constituant en bandes criminelles organisées, carrément mafieuses; des formations diverses de plantes impropres à toute culture et tout aussi nuisibles, vivant de larcin, de fraude, d’évasion fiscale, de contrebande, de piratage de comptes, de vols de cartes de crédit, de véhicules à destination du Liban (entre autres), etc.

L’ivraie libano-canadienne externe se caractérise surtout par les plantes herbacées qui ont pris la nationalité canadienne pour se replanter au pays d’origine et profiter du passeport canadien, lequel dispense de visas pour les voyages, étant donné que c’est l’un des meilleurs passeports au monde. Ces herbes opportunistes, assez nombreuses, sont venues au Canada uniquement dans ce but. Après avoir résidé le nombre de jours requis pour l’obtention de la citoyenneté canadienne et avoir, pour la plupart, profité des largesses du gouvernement canadien et de l’aide sociale, elles ont tourné le dos au Canada et sont retournées au pays d’origine, ou sont allées s’installer ailleurs. Outre certaines mauvaises herbes qui n’ont pas accompli la période de résidence obligatoire, qui ont profité des failles du système et obtenu frauduleusement la citoyenneté canadienne – et j’en connais !

Il convient de se demander, à cet égard, combien, des quelque 21,000 Libano-Canadiens au Liban, représentent cette catégorie d’ivraie que le gouvernement du Canada se trouve incapable de rapatrier en ce moment, avec force excuses ! Sachant qu’une partie de ces mêmes plantes opportunistes a déjà bénéficié d’une évacuation assistée lors de la guerre de juillet 2006… pour ensuite rappliquer au pays natal une fois la guerre terminée. À ce propos, comment oublier la révélation scandaleuse des « rescapés » de l’époque qui percevaient frauduleusement l’aide sociale du Canada alors qu’ils résidaient au Liban !

Et la ministre des Affaires étrangères qui appelle, innocemment, les Canadiens et Libano-Canadiens se trouvant au Liban à rentrer « chez eux », c’est-à-dire au Canada. Mais bon nombre d’entre eux, madame la ministre, n’ont pas un « chez eux » au Canada. Leur « chez eux » est au Liban. Ils ne se souviennent du Canada que lorsque leur pays d’origine est en crise ou en guerre. Vous n’avez pas à vous sentir coupable de ne pas pouvoir les rapatrier !

Il convient, pour conclure, de faire le tri entre le bon grain et l’ivraie et de s’occuper uniquement du bon grain libano-canadien, le grain utile, germinatif, fécond, productif, fidèle à sa nouvelle terre de plantation.

 

R.B.

Publié dans L’OLJ

L’ivraie libano-canadienne – L’Orient-Le Jour (lorientlejour.com)

Lien de référence

Les Canadiens au Liban ne doivent pas compter sur des vols d’évacuation d’Ottawa

 

 

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